Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ce que l'Esprit dit aux Eglises (6) La porte ouverte

Prédication du dimanche 5 juillet
Matthieu XVIII, 15 à 18 et XXIII, 1 à 5
Apocalypse III, 7 à 13

La lettre à Philadelphie est la deuxième lettre de l'Apocalypse qui ne fait aucun reproche à l'Eglise à laquelle elle s'adresse. Pourtant, comme Smyrne, Philadelphie n'est pas une Eglise florissante, c'est même une Eglise sans puissance. Pourtant à cette Eglise sans puissance une promesse est faite : promesse de porte ouverte, de synagogue de Satan vaincue, promesse de victoire dans la persévérance et de fidélité.

    Je suis assez content d'aborder cette question de porte ouverte en cette période de fin d'année scolaire, en effet lorsque l'on parle de porte ouverte, généralement je pense au chat.
Vous le savez, le chat, c'est celui qui ne supporte pas une porte fermée. Si vous ouvrez une porte pour un chat qui miaule devant et que vous la refermez derrière lui, il y a de fortes chances pour que vous l'entendiez miauler à nouveau de l'autre côté. En effet, nous le savons bien si un chat veut qu'une porte soit ouverte, ce n'est pas forcément parce qu'il veut la franchir, c'est parce qu'il veut se sentir libre de le faire. Or, la porte que Dieu ouvre pour Philadelphie n'est pas celle qui permettrait à l'Eglise féline de se sentir libre d'aller et venir à sa guise.
C'est d'ailleurs rendu évident par une autre image : « je ferai du vainqueur une colonne de mon temple ». Sans avoir de grandes notions d'architecture, la capacité d'aller et venue d'une colonne me semble assez limitée. Bref, je ne suis pas sûr qu'il faille voir dans la porte ouverte une image de liberté.
En fait plutôt que la porte ouverte sur les vacances, je crois qu'il faut voir une autre porte ouverte que les étudiants connaissent bien : la porte ouverte sur une école, sur une fac, sur un travail. Une porte ouverte, aujourd'hui encore cela veut moins dire un choix, qu'un débouché, un avenir. Je parlais de la fin d'année scolaire mais j'aurai pu évoquer la crise durant laquelle tant de nos frères et sœurs, directs ou plus lointains voient se fermer des portes devant eux.
Sans force, sans puissance, sans doute l'Eglise qui est à Philadelphie n'est elle pas libre de faire ce qu'elle veut, mais, peut-être paradoxalement, dans cette faiblesse Dieu lui assure une porte ouverte, un débouché qu'aucune puissance au monde ne pourra fermer. Il y a là une promesse pour chacun de nous : quelles que soient les portes qui s'ouvrent et qui se ferment dans ton univers professionnel ou familial, c'est Dieu, ton père qui t'aime qui ouvre le débouché principal, le seul qui compte vraiment. C'est important car lorsque une porte se ferme devant nous, nous avons vite fait de ne voir plus que celle là, et de rester abattu devant la porte close alors que d'autres sont ouvertes sur notre avenir et notre espérance.

    Parler de portes que Dieu ouvre et ferme pour nous, c'est forcément évoquer le pouvoir des clefs. Et je crois que la lettre à Philadelphie nous donne une indication précieuse sur la manière dont ce pouvoir est donné au disciple. « J'ai mis devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer ». Le pouvoir des clefs appartient à Dieu seul, Il ne le délègue pas, Il ne le confie pas à d'autre. Aucune Eglise, aucun chrétien ne peut prétendre ouvrir et fermer les portes de son propre chef. Le pouvoir des clefs qui nous est remis n'est qu'un pouvoir de témoignage. Nous sommes les témoins de Dieu et non pas ses lieutenants, nous ne pouvons pas prétendre agir par nous même en son nom (ce qui impliquerait qu'il soit absent). En d'autres termes, Dieu n'est pas lié par nos jugements, mais nous, nous en sommes responsables. Surtout quand nous prétendons que nos jugements sont ceux de Dieu. Il convient de se rappeler que le passage sur l'admonestation fraternelle que nous venons d'entendre et suivi presque immédiatement par  l'appel à pardonner 70 fois 7 fois et par la parabole du débiteur impitoyable. C'est aussi ce que nous rappelle l'accusation contre la synagogue de Satan

La synagogue de Satan. Voila un terme qui nous met mal à l'aise tant il semble respirer l'antisémitisme. Et c'est vrai que l'Apocalypse est écrite à une époque de rupture douloureuse entre judaïsme et christianisme et la violence du terme s'inscrit bien dans cette époque. Nous savons bien que la Bible n'est pas un livre parfait mais qu'elle est toute chargée des émotions et des haines humaines.
Pourtant, l'auteur même qui nous dit que nous ne pouvons pas assimiler la synagogue de Satan aux juifs puisque ceux de la synagogue ne sont pas juifs. D'ailleurs si nous reprenons les autres allusions au judaîsme du passage : la clef de David, le temple, la Jérusalem céleste, elles sont toutes très positives.
Qui sont donc les membres de cette synagogue de Satan ? Ce sont ceux qui nient que la communauté de Philadelphie soit aimée de Dieu. En cela, ils représentent bien le satan, (c'est à dire en hébreux l'accusateur), celui que Jésus qualifiait de prince du mensonge. Je crois qu'il en va de même pour nous, lorsque nous nous réclamons d'un quelconque pouvoir des clefs pour accuser, pour rejeter nos frères et nos soeurs au lieu de leur annoncer une Bonne Nouvelle, nous sommes Eglise du Satan et non du Christ.

Or la bonne nouvelle c'est la parole à laquelle la fragile communauté de Philadelphie se cramponne. Cette parole symbolisée ici par la clef de David et par le Temple, c'est forcément l'Alliance et la fidélité de Dieu à son alliance. Dieu a fait alliance avec l'humanité et notre propre infidélité n'empêche pas sa fidélité. Voici la Bonne Nouvelle réalisée en Jésus Christ.
Et c'est à cette bonne nouvelle que se cramponne la communauté de Philadelphie comme à une planche de salut.
En effet, la persévérance peut être une manifestation de force et d'endurance, elle peut-être aussi l'expression d'un dernier espoir. Or Philadelphie est une Eglise sans force, sa seule chance de survie, c'est la fidélité de Dieu. C'est donc à cette fidélité qu'elle s'accroche et elle fait bien car Dieu est fidèle.

Il en va de même pour nous frères et soeurs, quand tous se détournent de nous et nous accusent, quand nos forces mêmes nous font défaut, quand notre coeur même nous condamne, quand nous nous trahissons et nous perdons nous-même, Dieu  reste fidèle à son amour à son alliance. C'est la planche de salut qu'il nous reste, ça tombe bien : c'est la seule véritable.
Amen
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
Voir le profil de Eric George sur le portail Overblog

Commenter cet article